Texte: Victor Amoussou
Etant convaincu de la fragilité et du déséquilibre de leur civilisation, certains occidentaux partent inlassablement en croisade dans des pays exotiques. Ils explorent par exemple l’Afrique pour des réponses, mais ils y trouvent des manquements de vigueurs intellectuelles, parce que de base la vie quotidienne les ferme les yeux sur la civilisation profonde et hiérarchisée. L’erreur est faite depuis les premiers explorateurs: le fait de voir l’Afrique comme un continent à exploiter. Beaucoup des occidentaux ont toujours le but de profiter de l’étranger pour se modeler ou développer leur civilisation. Sans comprendre les langues et perceptions originales, ils regardent seulement la surface de cette culture: côté folklorique, esthétique, etc. Au lieu d’intégrer et valoriser la culture traditionnelle Africaine, ils se limitent à l’observer avec des perceptions occidentales.
Pendant des crises contemporaines mondiales, l’Afrique des traditions endogènes – exotériques et ésotériques – ont beaucoup à apporter à l’humanité. Parlons du cas de Vodoun dans la République du Benin. Le Vodoun signifie ce qui dépasse l’entendement humain. C’est la fusion des éléments fondamentaux de la nature, mais aussi un diminutif : l’ensemble des divinités ou esprits ajouté aux mânes des ancêtres qu’on appelle en Fon Vodun, Yèhwé ou Houn. Ils habitent des temples qu’on appelle Vodun ho, Yèhwé ho ou Houn ho. Ces temples sont dirigés par les prêtres, Vodunon, Yèhwénon ou Hounon.
Selon la dualité de toute chose crée ici-bas, la destinée spirituelle de l’humanité lui est voilée. Pour briser ce sceau, dans le culte Vodoun c’est le Fâ, une langue médiatrice entre les divinités et les humains. Le fâ est à la foi une science et une divinité présidant au destin de l’homme ; c’est un livre ouvert sur le passé, le présent et l’avenir, qui enseigne á l’homme ses liens profonds avec la nature. La planète sur laquelle nous vivons n’est qu’une fusion des quatre éléments de l’univers : le feu, l’air, l’eau et la terre. Pour parler des divinités, ils sont esprits de ces matières. On les trouve de différentes proportions dans toute espèce créés et chacun a son nom et signe dans le Fâ. La première fusion est appelée en Fon GBE, qui selon l’intonation signifie la vie, le monde ou la langue parlée. Donc les divinités parlent aux humains grâce à ces signes.
Le Fâ a en tout seize signes principaux qui symbolisent des dieux. Dans l’interprétation les combinaisons donnent des signes secondaires. Chaque signe a son sens mystique et ésotérique, ainsi que divinités qui les régissent et les gouvernent. Ils ont également leurs correspondances élémentaires : plantes, animaux, perles… qu’ils choisissent pour la composition cérémonielle et sacrificielle. On reçoit la condescendance et la clémence des dieux par les sacrifices. Le Fâ comme divinité est initiatique. Son prêtre, en fon Bokonon, est un sage de réflexions surnaturelles divinement inspiré. Chaque Vodoun est érigé sur un signe de Fâ. C’est pourquoi dans la tradition chaque prêtre doit avoir son Bokonon sauf si son kpôli (destin) lui permet de l’être. Tous les temples sont divers et uniques. Ils ne peuvent pas être généralisés.
La société Béninoise est profondément liée au Vodoun. Une preuve est que le Président porte serment aux noms des mânes des ancêtres. Vodoun est incontestablement une caractéristique spéciale, ressource du développement pour le Benin, si on l’observe du côté culturelle, politique, économique, écologique… Voilà pourquoi il faut lui donner le respect et la valeur qu’il mérite aussi en Occident. Il est temps par exemple de ne plus remplir les musées et galeries occidentaux avec « objets exotiques », mais les préserver dans leurs contextes originaux et essayer de les comprendre dans leurs propres termes, ni de rester dans la théorie occidentale. Expérience sans savoir est inutile et savoir sans expertise est folie.
Le Vodoun n’est pas uniquement une religion. C’est une science complexe de la perception de la vie et aussi un système morale et juridique, étant tout fortement lié à la langue. Par conséquent, il ne s’ouvre pas facilement aux visiteurs. De nos jours les maîtres de la tradition sont prêts à partager leurs connaissances pour l’évolution de l’humanité, les internationaux comme l’anthropologue et sociologue Honorat Aguessy, le professeur de Fâ David Koffi Aza, les pontifes du culte Vodoun et les couronnés officiels du Bénin. Profitons de leur savoir !